22 février 2010 – Les médecins devraient dépister davantage les carences en vitamine D auprès des malades chroniques, et les gouvernements devraient recommander des doses plus élevées afin de prévenir certaines maladies.
C’est l’appel lancé par 40 scientifiques de partout dans le monde, à l’initiative du médecin français David Servan-Schreiber1aux médecins et aux autorités de santé publique – tant européennes que nord-américaines.
« Le statut vitaminique pour la vitamine D pour la majorité des personnes en Amérique du Nord et en Europe doit être grandement amélioré pour obtenir une réduction substantielle de l’incidence de la mortalité par cancer, soutiennent-ils collectivement.
Citant des études épidémiologiques récentes, ils estiment qu’une concentration sanguine en vitamine D oscillant entre 75 nmol/l et 150 nmol/l est « associée à un risque réduit de certains cancers, dont le cancer du sein, du côlon, des ovaires et des lymphomes non hodgkiniens ».
La vitamine D serait aussi liée à un risque moindre de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de sclérose en plaques et d’ostéoporose.
C’est pourquoi les 40 scientifiques demandent que les autorités de santé publique fixent rapidement à 1 000 UI – voire à 2 000 UI - la dose quotidienne qui devrait être prescrite pour la population en général.
Carences généralisées en vitamine D
Or, disent-ils, 75 % des Européens manquent de vitamine D, particulièrement à la fin de l’hiver.
Au Canada, cette déficience serait observée pour l’ensemble de la population de la fin de l’automne à la fin de l’hiver.
Selon Statistique Canada2, la concentration moyenne en vitamine D est de 67 nmol/l dans la population âgée de 6 ans à 79 ans, sur la foi de mesures prises auprès de 2 600 personnes. Mais cette donnée camoufle de nombreuses variations liées aux saisons ainsi qu’aux différents groupes d’âge.
Des chercheurs ayant pris des échantillons sanguins étalés sur 1 an, à Calgary (Alberta), ont conclu que plus du tiers des 188 participants affichaient une concentration de moins de 40 nmol/l pendant l’hiver3.
Dépistage déficient
Dans son guide intitulé L’examen médical périodique de l’adulte4, le Collège des médecins du Québec recommande à ses membres de vérifier la concentration sanguine des patients en vitamine D - ainsi qu’en calcium -, essentiellement pour prévenir l’ostéoporose chez les femmes ménopausées. Fixée par la Société canadienne d’ostéoporose, la dose de vitamine D recommandée est de 400 UI à 800 UI.
Mais qu’en est-il sur le terrain?
« Sauf pour certains patients, dont les femmes en ménopause, on ne vérifie pas la concentration de vitamine D », indique la Dre Christiane Laberge.
Celle-ci va même plus loin : « Même si les médecins dépistaient les carences en vitamine D, les normes québécoises sont trop basses pour qu’on puisse penser prévenir quelconque maladie », ajoute l’omnipraticienne.
Selon elle, on vise une concentration sanguine de 50 à 80 nmol/l au Québec. C’est pourquoi elle juge que l’appel des 40 scientifiques tombe à point.
« Surtout que les apports alimentaires en vitamine D sont faibles : il y en a bien dans le lait, mais la consommation de lait est de plus en plus délaissée, notamment par les enfants », précise la Dre Laberge.
Dans son cabinet, elle n’hésite d’ailleurs pas à recommander à ses patients de prendre 1 000 UI de vitamine D par jour. « Et pas besoin d’une prescription : c’est moins cher de les acheter en vente libre que de les obtenir par prescription », conclut-elle.
De nouvelles recommandations?
Des experts se penchent actuellement, à la demande de Santé Canada et de plusieurs institutions fédérales américaines, sur l’apport quotidien recommandé (AQR) en vitamine D. S’il y a lieu, ils pourraient recommander une hausse des AQR. Un rapport devrait être déposé d’ici la fin de l’année 2010.
De son côté, la Société canadienne du cancer (SCC) n’a pas attendu Santé Canada : en juin 2007, elle émettait un avis dans lequel elle recommande une prise quotidienne de 1 000 UI par jour durant l’automne et l’hiver, pour prévenir certains cancers.
Mais bon nombre d’experts estiment que même la position de la SCC est trop conservatrice par rapport aux données scientifiques probantes. Ils recommandent plutôt un dosage quotidien de 2 000 UI à 4 000 UI de vitamine D3.
Martin LaSalle – PasseportSanté.net
1. Servan-Schreiber D, et al, La vitamine D est indispensable à la santé, Appel des médecins et des spécialistes de la vitamine D, 22 février 2010. Pour en savoir plus : www.guerir.org [consulté le 22 février 2010].
2. Enquête canadienne sur les mesures de la santé : concentrations plasmatiques de vitamine D dans la population, Statistique Canada, 2 juillet 2009 : www.statcan.gc.ca
3. Rucker D, et al, Vitamin D insufficiency in a population of healthy western Canadians, CMAJ, 11 juin 2002, vol. 166, no 12, 1517-24.
4. L’examen médical périodique de l’adulte, Énoncés de position, guide d’exercice et lignes directrices, Agence de la santé et de services sociaux de Montréal (ASSSM) et Collège des médecins du Québec (CMQ), 2009
2. Enquête canadienne sur les mesures de la santé : concentrations plasmatiques de vitamine D dans la population, Statistique Canada, 2 juillet 2009 : www.statcan.gc.ca
3. Rucker D, et al, Vitamin D insufficiency in a population of healthy western Canadians, CMAJ, 11 juin 2002, vol. 166, no 12, 1517-24.
4. L’examen médical périodique de l’adulte, Énoncés de position, guide d’exercice et lignes directrices, Agence de la santé et de services sociaux de Montréal (ASSSM) et Collège des médecins du Québec (CMQ), 2009
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