Autre nom : lait des abeilles.
Indications
Combattre la fatigue physique et intellectuelle, le surmenage, soutenir les convalescents; traiter les troubles menstruels. |
Posologie
Fatigue, surmenage, convalescence
- Prendre de 100 mg à 250 mg par jour de gelée royale lyophilisée ou de 300 mg à 750 mg de gelée royale fraîche. Traditionnellement, on recommande de prendre la gelée royale avant le repas du matin, pendant quatre à six semaines. Certains auteurs suggèrent de consommer jusqu’à 1,2 g par jour de gelée fraîche (400 mg de gelée lyophilisée) en cas de grande fatigue.
Attention. À cause du potentiel allergène de la gelée royale, il est préférable de commencer par un dosage réduit et de l’augmenter progressivement. |
Description
- des glucides, essentiellement du fructose et du glucose (15 %)
- des protides, surtout des protéines, des peptides et des facteurs de croissance (13 %)
- des acides gras (4 %)
- des minéraux.
De plus, elle est relativement riche en vitamines du groupe B, notamment la B1 et la B5. L’ensemble constitue un concentré nutritif très riche qui permet une croissance rapide des larves d’abeilles. On attribue en partie à la gelée royale le fait que la reine, qui s’en nourrit exclusivement, soit beaucoup plus grosse que les autres abeilles et qu’elle vive cinq ou six ans tandis que la vie active des ouvrières ne dépasse guère les 45 jours.
Normalement, la quantité de gelée royale produite dans une ruche suffit à peine à assurer la croissance des larves et l’alimentation de la reine. Pour obtenir les quantités souhaitées, les apiculteurs doivent éliminer la reine de la ruche et inciter les ouvrières à élever plusieurs larves destinées à produire des reines. Avant que ces techniques soient mises au point, la gelée royale demeurait un produit rare et relativement peu connu.
Historique
En raison de sa relative rareté jusqu’à ce que les apiculteurs mettent au point, au début du XXe siècle, les techniques permettant sa production à une échelle industrielle, les usages médicinaux de la gelée royale sont demeurés peu connus du grand public.
On dit que les souverains de la Chine antique lui attribuaient le pouvoir d’assurer la longévité et la vigueur sexuelle. Ce n’est cependant que depuis 70 à 80 ans que la gelée royale est devenue réellement populaire auprès des Chinois et elle est présente dans plusieurs préparations destinées au traitement des douleurs arthritiques, de l’hypertension artérielle, du diabète, de l’hépatite chronique, des troubles menstruels, de l’infertilité et de la fatigue. En Médecine traditionnelle chinoise, cette substance est considérée comme un tonique en cas de carence du Yin.
On trouve une tradition populaire similaire en Europe de l’Est et en Russie où la gelée royale est considérée comme une substance adaptogène, c’est-à-dire une substance qui accroît, de manière générale et non spécifique, la résistance de l'organisme aux divers stress qui l'affectent. Tout en causant un minimum d'effets indésirables, un adaptogène exercerait une action normalisatrice non spécifique sur de nombreux organes ou fonctions physiologiques.
C’est à un savant hollandais du XVIIe siècle que l’on doit les premières observations scientifiques systématiques sur cette substance et sur les usages qu’en font les abeilles dans les ruches. Observations qui furent confirmées au XVIIIe siècle par des chercheurs français et suisses.
La production industrielle de gelée royale et le recours à la lyophilisation (procédé de séchage à froid) ont conduit à la mise au point de nombreux produits qui connaissent aujourd'hui une certaine popularité un peu partout dans le monde. Au Japon, par exemple, on la consomme dans les genki, des boissons tonifiantes particulièrement populaires auprès des employés de bureau.
Recherches
Très peu d’études scientifiques rigoureuses existent quant à l’action de la gelée royale chez l’humain. On dispose surtout d’essais in vitro et sur les animaux. Les données actuelles sont insuffisantes pour attribuer une quelconque cote d’efficacité à ce produit. |
Ménopause. Les résultats de deux essais cliniques préliminaires, dont un sans placebo1, sur une préparation renfermant de la gelée royale, du pollen et de la vitamine C (Melbrosia®) ont donné de bons résultats au chapitre de la réduction de plusieurs symptômes de la ménopause1,2. Cependant, comme il s’agit d’un produit contenant d’autres ingrédients, il est difficile de savoir quel rôle la gelée royale a joué au cours de ces études.
Hyperlipidémie. L’auteur d’une méta-analyse publiée en 1995 s’est penché sur les données animales et humaines (essais non répertoriés dans Medline) concernant les effets de la gelée royale sur les taux de lipides sanguins3. Il a conclu qu’à des doses quotidiennes de 50 mg à 100 mg, la gelée royale lyophilisée faisait baisser le taux de cholestérol d’environ 14 % et le taux de lipides sanguins d’environ 10 %. Cependant, sur les 10 études sur des humains retenues par l’auteur, cinq ont porté sur un produit injectable, et, parmi les autres, deux étaient des essais sans groupe placebo. De plus, toutes ces études datent des années 1960 et leur qualité méthodologique n’est pas à la hauteur des critères actuels. En 2004, une étude sans placebo a été menée sur 55 femmes ménopausées2 : après trois mois, les chercheurs ont observé une amélioration des taux de cholestérol, mais une augmentation du taux de triglycérides. Notez également que l’hyperlipidémie ne fait pas partie des indications traditionnelles de la gelée royale.
Immunité. Un bon nombre d’études sur les animaux et in vitro ont confirmé l’activité immunostimulante3,4 et immunomodulatrice5-7 de la gelée royale. Ces actions sont communes aux substances adaptogènes et ont été attribuées aux composants lipidiques7 et protéiques3-6 de la gelée royale.
Cependant, une étude récente à double insu avec placebo effectuée chez 64 enfants n’a pas été concluante8. Les participants avaient de 5 ans à 16 ans et la prise de gelée royale de trois à six mois avant la saison du pollen n’a pas modifié l’incidence et la gravité du rhume des foins. Des essais supplémentaires et de plus grande envergure sont nécessaires avant d’en arriver à une conclusion sur l’action de la gelée royale sur le système immunitaire chez l’humain.
Divers. Au cours d’essais sur des souris, on a observé que la gelée royale avait un effet antifatigue9. D’autres chercheurs ont observé un effet hypotenseur chez des rats d’hypertendus10. D’autres études menées sur des rats indiquent que la gelée royale peut exercer une action anti-inflammatoire et accélérer la guérison des plaies cutanées11.
Toujours chez le rat, on a observé une activité oestrogénique de la gelée royale12, ce qui explique peut-être en partie son usage traditionnel pour les troubles menstruels chez la femme. La gelée royale augmente d’ailleurs la performance reproductrice chez la brebis13. Finalement, des essais récents chez la souris indiquent que la gelée royale peut, d’une part, prolonger la survie moyenne des animaux en partie par une action antioxydante14 et, d’autre part, avoir un effet protecteur sur le cerveau adulte15.
Précautions
Attention
- Certains auteurs affirment qu’on peut prendre sans danger jusqu’à 1,2 g de gelée royale par jour et même plus16. Il est important de commencer par un faible dosage et de l’augmenter progressivement afin de détecter une possible allergie.
Contre-indications
- Les personnes allergiques au miel, au pollen, aux piqûres d’abeilles et aux plantes de la famille des composées (marguerite, échinacée, pissenlit, etc.) pourraient également l’être à la gelée royale.
- On a rapporté plusieurs réactions allergiques et anaphylactiques à la gelée royale chez des sujets souffrant d’asthme ou d’eczéma atopique.
Effets indésirables
- En usage topique, la gelée royale peut provoquer ou exacerber une dermite.
Interactions
Avec des plantes ou des suppléments
- Aucune connue.
Avec des médicaments
- On a récemment attribué à la gelée royale un cas de perte de sang dans les urines (hématurie) chez un patient âgé souffrant d’un lymphome non Hodgkinien et d’hypertension et qui prenait de la warfarine, un anti-coagulant17. Cependant, le lien de cause à effet n’a pas été clairement établi.
- Chez les souris, la consommation de gelée royale (5 % de la diète) n’a pas eu d’impact sur les enzymes hépatiques du métabolisme des médicaments18.
Sur les tablettes
La gelée royale fraîche doit être conservée au congélateur, à l’abri de l’air, de l’humidité et de la lumière. Si elle est lyophilisée (séchée à froid et réduite en poudre), ces précautions ne sont plus nécessaires. Comme la gelée royale perd environ les deux tiers de son poids au cours de la lyophilisation, 100 mg de gelée lyophilisée correspondent à 300 mg de gelée fraîche.
En plus de la gelée royale fraîche (vendue en pot) et lyophilisée (présentée en capsules), on trouve dans le commerce des préparations à base de miel et de gelée royale. Il existe aussi des produits liquides, généralement présentés en ampoules, et qui renferment, outre de la gelée royale, du miel, du pollen, de la propolis ou du ginseng en proportions variables.
Certains produits sur le marché ont une teneur normalisée en 10-2 HDA (acide 10-hydroxy-2 décénoïque), un des ingrédients lipidiques actifs de la gelée royale qui sert également de marqueur.
Bien que la Food and Drug Administration américaine ait sévi plusieurs fois au cours des années 1990 pour ramener à l’ordre les fabricants et les distributeurs de gelée royale7, plusieurs d’entre eux continuent à faire des affirmations publicitaires non fondées au sujet des vertus de leur produit (arthrite, maladies rénales, fractures, effet antibiotique, perte de poids) pour n’en nommer que quelques-unes.
Réviseur : | |
Recherche et rédaction : Pierre Lefrançois et Françoise Ruby, avec la collaboration de Jean-Yves Dionne, pharmacien. | |
Mise à jour : 25 mai 2006 |
Références
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Bibliographie
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Notes
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http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=gelee_royale_ps
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