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E. do REGO

Tuesday, December 28, 2010

Le rôle des antioxydants remis en question?


21 décembre 2010 - Une étude sur des vers1,2, réalisée par des chercheurs de l’Université McGill, vient remettre en question l’hypothèse3 voulant que les radicaux libres accélèrent le vieillissement et l’apparition de maladies. Depuis plus de 50 ans, les radicaux libres produits par notre corps sont considérés comme des ennemis qu’il faut combattre lorsqu’ils sont en surnombre. En revanche, les antioxydants, parce qu’ils peuvent neutraliser ces molécules, sont perçus comme bons pour la santé.

L’étude en question

Les deux auteurs de l’essai ont scruté la longévité de minuscules vers (Caenorhabditis elegans) couramment utilisés dans les essais en laboratoire. Ils les ont soumis à deux types d’intervention pour augmenter leur production de radicaux libres. Un groupe a été génétiquement modifié pour que son système de défense empêchant la production de ces molécules soit neutralisé; l’autre groupe a été exposé à un herbicide toxique (le paraquat).
Surprise : ces deux interventions, qui a priori devaient causer des problèmes, ont plutôt accru la durée de vie des vers. De plus, les vers mutants qui ont été exposés ensuite à des antioxydants (vitamine C et N-acétylcystéine), ont vécu moins longtemps. Le chercheur principal, Siegfried Hekimi, professeur au Département de biologie de l’Université McGill, a donc conclu que l’hypothèse qui associe les radicaux libres au vieillissement doit être revue : ils ne sont pas la cause du vieillissement, mais contribuent plutôt à le combattre.

Peut-on extrapoler à l’humain?

« Pas vraiment, répond Charles Couillard, professeur à l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels et au Département des sciences des aliments et de nutrition de l’Université Laval. L’essai est bien mené d’un point de vue scientifique, mais on doit considérer ses conclusions avec réserve. Non pas sur leur exactitude, mais plutôt sur leur applicabilité à l’humain, poursuit-il. L’être humain demeure un organisme plus complexe que la plupart des modèles cellulaires et animaux utilisés en recherche. Le test ultime restera toujours l’étude clinique chez l’humain pour confirmer le tout. Impossible de s’en sauver », souligne-t-il.
Un avis partagé par le pharmacien Jean-Yves Dionne et par la nutritionniste Hélène Baribeau. « Cet essai est intéressant parce qu’il remet en question le dogme des radicaux libres et du vieillissement, mais jusqu’où? Ce n’est pas clair. Ces vers n’ont pas d’organes, ni de système nerveux », soutient Jean-Yves Dionne.
Selon lui, si on privait une personne de sa capacité à combattre les radicaux libres, comme on l’a fait pour ces vers, une série d’effets nocifs se produiraient. Il ajoute que les radicaux libres sont aussi des alliés dans certaines situations : « On sait, par exemple, que les globules blancs, pour être plus efficaces, bombardent les ennemis avec des radicaux libres. » « On sait depuis un bon moment que les radicaux libres jouent un rôle bénéfique dans certains processus physiologiques », renchérit Hélène Baribeau.

Le stress oxydatif : la cause ou la conséquence?

Le stress oxydatif est-il la cause ou la conséquence de différentes maladies, comme le cancer, lediabète et les maladies cardiovasculaires? Ou encore un système de protection?
Selon le professeur Couillard, il faut plutôt se poser la question suivante : « Doit-on éliminer le stress oxydatif? » « Oui et non, répond-il. Tout le monde s’entend sur le fait que le stress oxydatif transitoire est nécessaire au bon fonctionnement du corps humain (inflammation, réparation des tissus, protection contre les infections, etc.). Par contre, c’est le stress oxydatif chronique qu’il faut éliminer, car il est associé à de nombreuses complications liées aux maladies chroniques. Ces complications contribuent elles-mêmes au développement de maladies chroniques explique-t-il. Donc, un excès de radicaux libres serait la à la fois la cause et la conséquence de nombreux troubles chroniques ».
Qu’est-ce que le stress oxydatif?
Le stress oxydatif apparaît lorsque le système de défense dont disposent nos cellules s’affaiblit ou est débordé par une trop grande production de radicaux libres. Ces derniers sont des atomes ou des fragments de molécules qui comprennent des électrons non appariés (célibataires). Comme ils sont particulièrement instables, ces électrons cherchent à se stabiliser en se liant à un électron appartenant à une autre molécule. Résultat : ils déstabilisent les molécules voisines, entraînant une réaction en chaîne qui provoque des dommages aux cellules. Par exemple, l’oxydation des protéines du cristallin peut conduire à la cataracte. Le stress oxydatif peut même perturber le programme de la cellule. Si les gènes responsables de la division cellulaire sont touchés, un cancer peut être initié. Le stress oxydatif serait aussi un facteur contribuant aux maladies cardiovasculaires et neurodégénératives (maladie de Parkinsonmaladie d’Alzheimer).

Périmés, les antioxydants?

« Les antioxydants ne sont pas une panacée. De saines habitudes de vie (nutrition et exercice) fournissent généralement au corps tout ce dont il a besoin du point de vue antioxydants », affirme le professeur Couillard.
« C’est vrai que l’effet préventif des antioxydants sur les maladies chroniques n’est pas prouvé, mais c’est une hypothèse logique et ce n’est pas dangereux pour notre santé, avance Jean-Yves Dionne. Les suppléments de curcuma, par exemple, sont souvent la seule façon d’obtenir une dose efficace sans avoir à manger de la cuisine indienne 3 fois par jour ».
« Les suppléments fournissent des composés isolés et concentrés, mais je ne suis pas sûre que ce soit un bon point, fait valoir Hélène Baribeau. L’avantage des aliments, comme le montrent les travaux de Richard Béliveau, c’est qu’ils fournissent à la fois de petites doses et une grande diversité d’antioxydants. Ils contribuent ainsi probablement à maintenir un rapport antioxydants-radicaux libres équilibré. »

À suivre

Hélène Baribeau estime que, même si cet essai vient secouer certaines certitudes, il est beaucoup trop préliminaire pour changer les recommandations nutritionnelles. « La médiatisation de cet essai risque de contribuer à la confusion du public au sujet de l’importance de manger des fruits et des légumes », s’inquiète-t-elle.
Jean-Yves Dionne croit qu’il est nécessaire de développer un discours plus clair et de préciser les spécificités des antioxydants les plus actifs, les plus intéressants, sinon « on va continuer à se perdre dans le brouillard ». Selon Charles Couillard, d’autres études, sur des modèles plus évolués que les vers, doivent être effectuées pour mieux comprendre le stress oxydatif. « En attendant, on consomme des fruits et des légumes parce que c’est bon, et on comprendra plus tard, on l’espère - et on y travaille -, comment ces bénéfices se produisent, conclut-il.
Antioxydants : un mot trop général
Le terme « antioxydants » regroupe des centaines de substances différentes qui ont des effets différents et des sites d’action différents. « C’est comme le terme "médicament", qui regroupe des molécules extrêmement diverses, explique Jean-Yves Dionne. Par exemple, c’est vrai que lecafé renferme autant d’antioxydants que le thé, mais ce ne sont pas les mêmes et ceux du thé sont nettement plus intéressants! », fait-il valoir.
Charles Couillard apporte un éclairage complémentaire : « Pour les fruits et légumes, les scientifiques abandonnent tranquillement l’appellation antioxydant. Ils préfèrent les mots polyphénols ou flavonoïdes. Pourquoi? Parce qu’on commence à observer que la principale activité de ces composés n’est pas un effet antioxydant dans le sang : ils sont très peu absorbés dans l’intestin et ne restent dans le sang que durant 4 heures ou moins. C’est de plus en plus l’activité des polyphénols sur le plan cellulaire qu’on cherche à comprendre, c’est-à-dire leur effet sur les tissus vasculaires, adipeux, musculaires, cérébraux, etc. Les chercheurs se penchent aussi sur les effets des substances produites à la suite du passage des polyphénols dans l’intestin. »
Les molécules qui ont des effets antioxydants ont d’autres propriétés tout aussi intéressantes, sinon encore plus, confirme Jean-Yves Dionne. C’est le cas, par exemple, des curcuminoïdes, présent dans le curcuma. « Les curcuminoïdes sont des antioxydants de 50 à 100 fois plus puissants que la vitamine E, souligne-t-il, mais c’est surtout leur effet anti-inflammatoire et leur effet anticancer qui intéressent les gens. »
Le panier antioxydant déborde donc pour cause de généralisation. « Quand on généralise beaucoup, on risque de se tromper beaucoup, soutient Hélène Baribeau. Des essais préliminaires indiquent, par exemple, que certaines personnes sont sensibles à la molécule anticancer du brocoli et que d’autres ne le sont pas. Nos gènes joueraient donc un rôle important à ce chapitre. La nutrigénomique nous donnera peut-être des réponses plus claires dans... une vingtaine d’années! »

Françoise Ruby – PasseportSanté.net

1. Denham Harman est un chimiste, biologiste et médecin gérontologue, professeur émérite à l'Université du Nebraska.
2. Yang W, Hekimi S (2010) A Mitochondrial Superoxide Signal Triggers Increased Longevity in Caenorhabditis elegans. PLoS Biol. 2010 Dec 7;8(12):e1000556. Texte intégral : www.plosbiology.org
Note. Cette équipe de chercheurs avait publié en 2009, une étude semblable, qui avait fait l'objet d'une nouvelle dans notre site : Vieillissement: inutiles, les antioxydants?
3. Cette hypothèse a été énoncée en 1957 par Denham Harman, un spécialiste américain du vieillissement

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